1993, tout commence pour nous. Encore au Lycée Thuillier à Amiens ou dans les environs, nous fondons une troupe de théâtre, et même un groupe de rock avec Benoît André, Cyril et Sly Haren, Dorothée Mellor (la sœur d’Olivier), Sélim Kançal, Charly Dunajewski, Caroline Plesnage, Céline Potard, Stéphane Magnier, Céline Foucault, HP Habbar…
« A l’époque », la scène amiénoise est assez fourmillante, Jî Dru sort ses premiers disques, François Ruffin lance Fakir, Bertrand Devendeville connecte sa groovebox, les frères Margerin chantent Toutes les filles, Cité Carter et la Briket’ démarrent, Albin de la Simone aussi, Samarabalouf et Ouroub’ sont au top, et tout ça se passe autour du lycée… Une grande année, sûrement.
1995, Olivier Mellor intègre l’ENSATT et la Compagnie du Berger en ressort « professionnelle » à sa sortie 1998, en embarquant dans son sillage des artistes encore présents aujourd’hui comme Marie-Béatrice Dardenne, Denis Verbecelte, JJ Rouvière, Vincent Tepernowski, Adrien Michaux…
Et voilà plus de 30 ans que ça dure…
Depuis nos débuts, nous recherchons à la Compagnie du Berger à allier plaisir, création et rigueur, dans cet ordre pourquoi pas.
Cependant, une compagnie de théâtre professionnelle trimbale aussi avec elle quelques lourdes fantasmagories et autres lieux communs. Si les artistes au sein d’une compagnie aiment à évoquer la force et les possibilités de la création, la troupe doit aussi se débrouiller dans le même temps avec ses missions, ses partenaires et la ribambelle «d’actions culturelles» inhérentes à ses objectifs d’implantation ou de résidence.
Le temps, les moyens, les vocables même sont alors soumis aux arrangements de toutes sortes, sur un terrain parfois glissant. C’est ainsi. C’est souvent lourd et difficile. Surtout si l’on refuse les compromissions…
D’un autre côté, le travail (quotidien) qui jalonne notre parcours est un moteur indispensable à cette recherche du plaisir, qui prend alors tout son sens lors des premières répétitions.
Les multiples tournées et reprises (nous faisons + de 60 dates par an depuis plusieurs saisons) sont autant de pierres que nous posons autour de notre projet, de défendre des textes de répertoire partout, passant de grosses scènes à de petits tréteaux, de théâtres cossus à des salles des fêtes de villages…
Ainsi, nous avons été présents aux côtés de Chitcatt à l’Escalier du Rire d’Albert (80) de 2000 à 2003, nous y avons créé LE MONTE-PLATS de Pinter et LA RETAPE d’Olivier Mellor.
Nous avons également et ensuite été en résidence et en charge (un fait trop rare !…) du CinéThéâtre le Pax de Quend-Plage (80) de 2004 à 2007, où nous avons monté LA FLEUR A LA BOUCHE de Pirandello et LE DINDON de Feydeau, entre autres lectures, ateliers, débats et festivals (les Estivades de Quend, le Festival de Quend du Film Grolandais, A vue d’nez (Festival de clowns)…
De 2008 à 2010, nous avons partagé un bout de chemin avec le Théâtre des Poissons de Frocourt (60), que nous connaissons bien et depuis longtemps… Nous y avions créé GLENGARRY GLEN ROSS de David Mamet, et c’est avec UNE PAUSE QUELQUES ANNÉES d’après Pierre Garnier, et puis MAUVAIS BON HOMME, notre premier «jeune public», et KNOCK de Jules Romains, que nous avons poursuivi.
Nous intensifions également depuis 2007 un partenariat motivant et joyeux avec la Comédie de Picardie. Nous y avons été «compagnie associée» de 2011 à 2013. Cet accord conventionné venait conclure toute une série de coproductions autour du «théâtre à la Française» (LE DINDON, KNOCK, CYRANO DE BERGERAC), mais aussi et surtout ce statut «d’exception» vient souligner la solidité et la sincérité des rapports rigoureusement heureux que nous avons avec l’équipe de la Comédie de Picardie et son public, et ce depuis longtemps.