« Pontagnac que le ciel fit coureur, que le destin fit marié, de ses courses et aventures ne retire rien que le péril d’être trompé par sa femme… »
Voilà l’accroche. Si l’on ajoute à ce principe rebattu d’autres couples fragiles, des cocus en veux-tu en voilà, un vieux médecin porté sur la chose et flanqué de sa femme sourde, des policiers zélés, des accents de France et de Navarre, du personnel hôtelier dépassé mais toujours courtois, une cocotte pas farouche dans les bras d’un jeune timide qui ne l’est pas… nous avons là tous les ressorts d’un genre bien connu, d’un archétype imparable et immortel…
Le vaudeville orchestre sur scène les liaisons comiques du sexe et de la société. Le monde bourgeois, florissant mais » fin du siècle « , s’offre ainsi une caricature plaisante des limites de la monogamie. Le schéma est connu : une suite d’enchaînements logiques au cœur de l’absurdité qui se nourrit du mensonge…
Bref, « une fatalité systématique où l’homme est l’artisan de son propre malheur ».
LE DINDON est une des pièces les plus fameuses de Feydeau : une œuvre d’énergie sans faille, quelque chose qui tient de notre patrimoine…
En somme, LE DINDON est un mythe.
Et dans notre monde d’étiquettes, Feydeau est une marque déposée, plus qu’un auteur, un genre en soi.
Si bien qu’on croit cerner Feydeau sans vraiment connaître ses textes…Mais que se cache-t-il vraiment derrière une légende ?
Qu’est-ce qui peut bien pousser une jeune compagnie à s’attaquer au vaudeville, forme désuète, presque ringarde, miroir d’une société gravée sur de vieilles assiettes ?…
Mais Feydeau c’est aussi (et c’est heureux) bien autre chose…
C’est un terreau unique pour les acteurs, une discipline mêlée d’une folie sincère.
Une tornade d’énergie, presque punk, et pour le coup, l’occasion rare de retrouver une vingtaine d’interprètes et musiciens sur scène.
D’une base dramaturgique presque désuète, on se rend alors à l’évidence : monter Feydeau aujourd’hui, au regard de la délicate situation des intermittents du spectacle et des professions liées à la Culture, c’est un acte politique.
C’est convier le public à revivre ses vieux souvenirs de plateaux garnis, joyeux, foisonnants… et recréer cet échange.
Pour nous, Feydeau, c’est un peu un vieil oncle dont on se moque gentiment, avec dans le fond la certitude qu’au-delà des mots usés, des situations à tiroirs, des quiproquos et révélations ficelés, il y a avant tout un moment d’égarement entre le plateau et la salle. Une matière commune qui dépasse les générations.
Une consternation. Une sincérité.
Préparez-vous, il va y avoir du sport…
« la Compagnie du Berger ose : les acteurs jaillissent de partout, c’est frais, grivois et populaire… Une réelle appropriation où l’on ne voit pas le temps passer, alliant rire et réflexion sur notre société d’apparences… »
Fabien Perrier / L’HUMANITÉ
« Le public adhère complètement (…) C’est une belle bande d’acteurs qui se donnent à fond (…) Le temps se suspend durant plus de trois heures, un triomphe (…) »
LE COURRIER PICARD